Cher Arjun, ![]() ![]() Cher Yann Lecurieux,
« Bombe »
est en fait une altération orthographique pour « bombu »,
qui était une des boissons alcoolisées préférées des Mayas. Les « mini-bombus »
étaient servis dans de petits verres à cocktails. Les « bombus »
de faible puissance étaient servis pendant les années de sécheresse ; Quant aux « bunkers busters »,
ils étaient destinés aux types qui étaient terrés en position défensive sans
avoir rien à faire. Mais depuis que les
Européens ont pris les choses en mains, ces termes sont utilisés pour décrire
de nouvelles catégories d’armes nucléaires en cours de mise au point aux
Etats-Unis. Avant d’en venir à la
terminologie elle-même, vous souhaitez sans doute des éléments d’information
sur ce sujet. Une arme nucléaire de faible puissance est une bombe dont la puissance est inférieure à 5 kilotonnes d’équivalent TNT.[1] Deux spécialistes des armes nucléaires de Los Alamos ont donné la première discussion publique sur le concept d’une arme nucléaire de faible puissance. Ils proposaient quatre types de modèles d’armes dans un article publié dans le numéro d’Automne 1991 de la Strategic Review.[2] Les types d’armes étaient les suivants : ·
les
« micro-nukes », armes d’une puissance de
10 tonnes équiv. TNT qui peuvent être utilisées pour
détruire des bunkers ou des pistes d’atterrissage; ·
les
« mini-nukes », armes d’une puissance de
100 tonnes équiv. TNT destinées à contrer les
missiles balistiques ; ·
les
« tiny nukes »,
armes d’une puissance de 1000 tonnes équiv. TNT
utilisables sur un champ de bataille contre des unités ennemies ; ·
les
ogives « exotiques » (voir ci-dessous). Aujourd’hui les
termes « mini-bombes », « armes
anti-bunkers », et « armes nucléaires de faible puissance » sont
souvent utilisés indifféremment, ce qui n’est pourtant pas toujours
techniquement correct. Le terme
« arme anti-bunker » peut être appliqué aussi bien à des bombes
conventionnelles que nucléaires. Une
arme anti-bunker est une bombe qui est capable de détruire des cibles durcies
et des bunkers souterrains et entre dans la catégorie des « armes de
pénétration » ("earth penetrating
weapons" -EPW).
Les armes de pénétration sont conçues pour atteindre le sol à grande
vitesse et pour y pénétrer avant d’exploser.
Une bombe ne peut pénétrer dans le sol qu’à une profondeur limitée. L’effet
destructif de l’arme vient du fait que l’onde de choc au sol créée par
l’explosion peut se propager et ainsi, accroître la puissance de l’explosion. Le processus au cours duquel l’énergie de
l’explosion est transférée au sol est appelé « couplage ».[3] Les Etats Unis
disposent actuellement dans leur arsenal à la fois d’armes de pénétration de
type conventionnel et de type nucléaire.
L’EPW conventionnelle la plus puissante pèse
plus de deux tonnes et est capable de pénétrer six mètres de béton ou 30 mètres
de terre. Les Etats-Unis possèdent approximativement cinquante armes de
pénétration nucléaires d'une puissance allant de 0,3 à 340 kilotonnes. Cette
arme, la B61-11, est une version modifiée d’une autre arme et de ce fait, elle
n’a pas eu besoin d’être testée. Elle
est entrée dans l’arsenal après la Guerre du Golfe de 1991. Une arme de 0,3 kilotonne ayant pénétré de 3
mètres dans le sol pourrait détruire un bunker durci enterré sous 15 mètres de
roche dure ou de béton. Une arme de 340 kilotonnes ayant pénétré dans le sol
sur la même distance détruirait une cible située 70 mètres au-dessous de la
surface.[4] Pour le budget
2004, l’administration Bush a demandé 15,5 millions de dollars pour le
développement d’une « arme de pénétration nucléaire robuste » (Robust Nuclear Earth Penetrator). Le but de
l’administration est de disposer d’une arme qui pourrait détruire un bunker
situé à 300 mètres au-dessous du niveau du sol.
Comme l’indique ce qui précède, une arme de faible puissance ne ferait
pas l’affaire. Une des options envisagée
par l’administration est la modification de l’ogive nucléaire B-83 dont la
puissance peut atteindre une mégatonne (1000 kilotonnes).[5] Les partisans du
développement de telles armes font souvent valoir que les retombées
radioactives, l’explosion se déroulant en sous-sol, seraient pour l’essentiel
confinées dans le sol lui-même. Pourtant,
une analyse attentive montre que tel ne serait pas le cas. La mise au point
de ces bombes « utilisables » pourrait ouvrir la voie à d’autres
armes nouvelles. Les concepteurs de
bombes sont à la recherche d’ogives nucléaires plus « exotiques » qui
offriraient aux militaires tout un champ de possibilités. La bombe à fusion pure est l’une d’elles. Dans
ces armes, une explosion déclenchée par une amorce à fission (où des atomes
sont brisés) entraîne la fusion du deutérium et du tritium (des formes plus
lourdes de l’hydrogène) qui s’accompagne d’un dégagement de neutrons très
énergétiques. Des armes à fusion pure ne
donneraient lieu qu’à très peu de retombées radioactives (de produits
d’activation) au contraire des armes à fission et des armes thermonucléaires
actuelles. Jusqu’ici, la faisabilité
technique des armes à fusion pure n’a pas été prouvée parce que seule une
réaction de fission est capable de créer les températures et les pressions nécessaires
pour induire une réaction de fusion avec un bilan énergétique positif. Des recherches sur divers projets dans les
laboratoires nationaux de Los Alamos,
Sandia et Livermore
pourraient conduire à la mise au point de ces armes bien que leur développement
ne figure pas parmi les objectifs annoncés.[6]
[1] Une kilotonne est égale à 1000 tonnes.
Par comparaison, la bombe larguée sur Hiroshima avait une puissance de 12-15
kilotonnes. [2] Thomas Dowler et Joseph S. Howard III, "Countering the Threat of the Well-armed Tyrant: A Modest Proposal for Small Nuclear Weapons." Strategic Review, automne 1991. [3] Lisbeth Gronlund et David Wright,
"Earth Penetrating Weapons," [4] ibid. [5] Senator Daniel Akaka, "Nuclear Earth Penetrator Weapons: The Myth and Danger," Congressional Record, le 11 avril 2003. [6] Pour plus de
détails, voir Hisham Zerriffi
et Arjun Makhijani,
"Des armes à fusion pure ?" dans Energie et Sécurité, no. double 6-7, 1999. |
(La version anglaise de ce numéro, Science for Democratic Action v. 11, no. 4, a été publiée en septembre 2003.)
Mise en place février 2004